Djando la maurongozi

Mur Balladur 13 est un espace initié par des citoyens indignés et contrariés pour dire non à la tragédie des kwasa en mer indianocéane. Des milliers et des milliers d’innocents se meurent entre Anjouan et Mayotte depuis 1995, à cause d’un maudit visa instauré par l’Etat français entre une partie des Comores « occupée » et l’autre « indépendante ». Une tragédie humaine que des journalistes sous-informés confondent avec une histoire de migration. « Peut-on être clandestin sur la terre de ses aïeux ? » s’interroge un personnage de fable face à ce qui paraît être le plus grand cimetière marin du monde désormais…

*Kwasa: nom donné à une barque.

3 réflexions au sujet de « Djando la maurongozi »

  1. Vous n’êtes pas convaincants.. lecture trop dualiste de la situation… je ne pense pas que vous connaissiez les difficultés que vivent les personnes au nom desquels vous parlez. Qui meurent dans le bras de mer entre Anjouan et Mayotte? Qui sont les responsables de cette tragédie? Que dites-vous des frères (nos politiques et quelques notables) qui condamnent leurs propres frères à une situation intenable, les poussant à s’offrir à la mort et à la mer? Et vous-mêmes qui vous indignez, avez-vous déjà été inquiétés quand vous circulez dans le monde ou entre Mayotte et Anjouan? Qui êtes-vous pour parler à la place des autres? et que pensent les Comores qui vivent cet enfer de vos propos, de vos revendications de privilégiés?

    En espérant une réponse à mes questionnements, je vous prie de recevoir ma déception quant à votre façon d’approcher la situation dans cet archipel.

    Ps: par censure et parce que je ne résonne de la même voix que vous, vous pouvez ne pas publier mon commentaire.

    • Nous apprécions beaucoup votre message. D’abord, parce qu’il se termine sur une idée (celle de la censure) qui ne nous ressemble pas beaucoup. Car nous ne sommes pas de ceux qui refusent le débat, bien que nous nous réservions le droit de publier qui on veut, en toute liberté et sans être obligés de nous justifier. En l’occurrence ici, nous ne voyons pas la raison pour laquelle nous devrions vous censurer. Ensuite, il y a le fait que vos questions nous semblent tellement balisées qu’il n’est pas du tout difficile d’y répondre. Vous dites que nous ne connaissons les difficultés que vivent les personnes au nom de qui nous parlons. Qu’est-ce que vous en savez? Déjà, en nous lisant, vous ne devriez pas avoir cette impression. Mais sans douer que vous ne connaissez personne autour de vous ayant perdu la mort en mer à cause de cette tragédie. Le problème avec Mayotte, c’est que tous les Comoriens veulent avoir raison quand ils en parlent, alors que rares sont ceux qui ont vraiment réfléchi à la question. Pour le coup, nous prétendons faire partie de ceux qui y ont réfléchi. Ce qui ne vous oblige pas à être d’accord avec tout ce que l’on dit. A la question de savoir qui meurt dans le bras de mer entre Anjouan et Mayotte? Nous aurions cru que vous le sachiez, mais comme il faut le redire, nous allons le faire. Ce sont des habitants de l’archipel, qui, à force d’être traqués comme des étrangers sur la terre de leurs aïeux, finissent par perdre eux-mêmes la vie. Nous n’allons pas vous faire l’offense de vous rappeler au droit international, qui n’est pas une invention comorienne, jusqu’à preuve du contraire.

      Qui sont les responsables de cette tragédie ? Il y a un avant le Visa Balladur et un après. Et il n’est pas besoin de vous faire un dessin. Que l’Etat comorien par sa maladresse ait pu faciliter son existence ou que des Mahorais pro-Français aient pu contribuer à sa pérennisation dans cet espace géographique n’empêche pas de remarquer que le Visa Balladur reste une invention française. Le jour où il ne sera plus là, il n’y aura plus cette accumulation de cadavres en mer. La responsabilité française est donc bien « avérée ». Autre question : vous nous demandez votre avis sur des prétendus frères (politiques et notables) qui condamneraient leurs propres semblables à une situation intenable, les poussant à s’offrir à la mort et à la mer? Il faudrait à notre avis poser cette question aux Mahorais qui laissent mourir les leurs (et quoi qu’ils disent l’histoire ne commence pas en 1841) en mer, afin de continuer à penser qu’ils sont français. Ensuite, il faudrait aussi rappeler que nous parlons bien de l’Union des Comores, pays encore sous tutelle. Economiquement, politiquement et militairement, l’Union des Comores est encore sous contrôle français. Si vous ne le savez pas, c’est que vous n’êtes de cet archipel ou peut-être que vous ne savez pas grand’chose de son histoire passée et actuelle. Ce qui ne risque pas de faciliter pas l’échange. Car s’il faut tout vous apprendre…

      Vous demandez si nous avons déjà été inquiété dans le monde ou dans notre circulation entre Anjouan et Mayotte. Pour le monde, ce n’est pas vraiment le sujet. Mais pour aller à Mayotte, oui, bien sûr, plus que vous ne le pensez. Mais a-t-on vraiment besoin de savoir si nous, on nous a refusé le passage pour être convaincus de la situation de ceux qui meurent en cette mer ? Est-ce à dire qu’un Français de France (et nous en connaissons) n’a pas le droit de considérer que traquer des gens dans leur propre pays au nom des frontières françaises jusqu’à les pousser à la mort est contraire aux lois du pays des droits de l’homme ? A vous entendre, il faudrait mourir en mer pour avoir le droit de considérer cette situation comme criminelle envers une grande majorité des habitants de l’archipel. Et c’est là que vous vous énervez. Car qui sommes-nous, dites-vous, pour parler à la place des autres ? Si nous pouvions parler en leurs noms, il y a longtemps déjà que le débat serait autre. Le drame, c’est que qu’il n’y a qu’un Etat justement qui peut parler en leur nom. A la cour pénale internationale, aux Nations Unies ou lors des accords coloniaux rebaptisés « accords bilatéraux » depuis peu. Mais qui sommes-nous, dites-vous ? Nous sommes des citoyens de ce pays, des habitants de cet archipel, des hommes et des femmes très concernés par la question des droits de l’homme. Dommage que cela vous dérange au point de vous faire poser cette question incongrue à nos yeux. Que pensent les Comores de vos revendications de privilégiés ? Parce que là vous semblez sûrs du fait que nous sommes des privilégiés. Mais alors pourquoi nous poser la question de savoir qui nous sommes, puisque vous aviez déjà la réponse ? Et quand bien même nous serions des privilégiés… Un privilégié (ce qui n’est pas notre cas) n’aurait-il pas le droit de dire no à cette tragédie des morts du Visa Balladur, au nom des valeurs fondamentales qui fondent notre humanité ?

      Pour conclure, une chose essentielle. Sachez que nous avons pris le temps de vous répondre sur des évidences pour ne pas avoir y répondre une seconde fois.

      • Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais dans cette longue réponse, vous ne faites qu’incriminer la France et les maorais (vous évoquez le visa balladur et les « Mahorais qui laissent mourir les leurs (et quoi qu’ils disent l’histoire ne commence pas en 1841) en mer, afin de continuer à penser qu’ils sont français »). Force est de constater que vous épargner les régimes qui ont sévi et qui sévissent aux Comores indépendantes (mince, j’allais oublier que vous avez signifié qu’ils ne sont pour rien, c’est la faute aux Maorais et à la France). Mais comment peut-on avancer des telles réflexions lorsque l’on prétend réfléchir sur la question?
        Au passage, sachez que je ne prends la défense d’aucun camp… Je suis tout simplement exaspéré de voir que l’on ne propose rien qui puisse faire bouger les choses, rien de nouveaux : dans votre prétendue analyse de la situation, vous ne proposez rien de neuf, rien qui puisse prendre en compte la complexité de la situation. Vous vous contentez de dire (à peine si je caricature) que certains Comoriens sont victimes d’une tragédie et d’autres (leurs frères) collaborent avec la France pour les maintenir dans cette situation. Soit. et j’ai cru comprendre en vous lisant que si l’on enlève le visa balladur, les maux dont souffrent les Comores cesseront, plus de tragédie en mer, peut-être. mais la population, notamment les plus démunis continuera à aller chercher la vie ailleurs, parce que leur pays ne peut même plus leur proposer les choses élémentaires au bien être de l’humain : le soin, l’éducation. elle partira braver d’autres mers pour chercher la vie ailleurs. J’ai comme l’impression que vous êtes loin de ce qui se passe dans le monde actuellement : le cas des Comores n’est pas isolé. Le monde, notamment les pays du sud sont en mouvement : les gens partent parce que plus rien leur est permis d’espérer chez eux, à cause des politiques en place, qui sont séniles et fratricides.
        pour finir, quand vous parlez des morts en mer, je sais de quoi vous parlez. si cela peut vous rassurer, j’ai des proches qui ont été mangés par la mer, ils sont partis parce qu’il n’y avait plus d’espoir, parce qu’ils voient dans ce fichu pays des compatriotes qui ne souffrent d’aucun maux, qui envoient leurs enfants à l’école, qui arrivent à se soigner, qui fricotent avec le pouvoir, etc. j’ai du braver la mer pour chercher la vie ailleurs. donc, je sais de quoi j’ai parle, Messieurs qui réfléchissez sur la situation.
        Au fait, mes questions, c’est pour vous faire remarquer qu’il n’y a jamais eu de ministres, des gens qui fricotent avec le pouvoir, ni ceux qui écrivent au nom de nous autres (comme vous) qui meurent en mer. Parce que ceux-là circulent librement, vivent sans soucis… D’ailleurs, ceux au nom de qui vous parlez n’ont pas encore parlé, ils n’ont jamais dit mots sur cette situation. Épargnez-nous vos luttes! parce que nous autres parlons aussi, et peuvent parler aussi pour nous défendre!

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